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Décès AGNES Maurice époux de Claudine GARCIA

Publié le par La Sénia

 

André (Dédou ) GARCIA vous fait part du décès de son beau frère

LA SENIA,PERTUIS


Les familles AGNES, BOSSA, GARCIA et DE LA CROIX,
ont la douleur de vous faire part du décès de
M. Maurice AGNES
Ancien combattant
décédé le 7 mai 2020
à l'âge de 89ans.
La cérémonie religieuse aura lieu
mercredi 13 mai 2020,
à 10h30
en l'église de Pertuis, suivie
de l'inhumation au cimetière
de la commune.

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Jean Michel GUIRADO

Publié le par La Sénia

Ma mini-thèse sur fond de notre Pied-noiritude

Jean Michel GUIRADO

 Jean Michel GUIRADO Fils de notre ami Sénialais Michel GUIRADO

Agrandir et faire défiler avec la molette de la souris

 

Article paru dans la revue de Janvier Février 2021

Jean Michel GUIRADO

Lettre d’un enfant de Pieds-Noirs à la génération d’avant 1962

Notre histoire de Français d’Algérie est venue me chercher en avril 2019, chez moi aux Pays-Bas où je me suis expatrié depuis 20 ans . Né en 1965, enfant et petit-enfant de Français d’Algérie depuis plusieurs générations, je viens d’être rattrapé par mes racines, de façon inattendue.

Mars 2019 : mes parents sont en visite à la maison. A plus de 70 ans, ils trouvent encore le courage  de faire dix heures de route pour aller voir leur quatre petits-enfants, leur belle-fille Hollandaise et leur fils éloigné. C’était la semaine du 26 mars, anniversaire d’un évènement effroyable que j’allais découvrir très tard et en être durablement affecté.

Papa, assis dans le salon avec maman, reçoit sur sa tablette un courriel d’un ami de son enfance passée à la Sénia, comme vous le savez à quelques kilomètres au sud d’Oran. Dans ce courriel, il y a un lien vers un documentaire. Mon père ouvre le lien sur sa tablette et commence à regarder. Depuis la cuisine, je ne tarde à entendre ses exclamations que je lui reconnais lorsqu’il s’enthousiasme. Ayant fini ce que je devais faire, je m’approche, curieux et je commence à regarder par-dessus son épaule ce documentaire fait de films personnels divers, décrivant la vie quotidienne des gens de là-bas, montrant d’abord des vies simples et heureuses, faites de pique-nique à la paëlla, de longues tablées, de siestes à la plage, et d’autres scènes qui rendent le quotidien de ces familles tellement proche. Je retrouve l’ambiance de mon enfance. Je propose à mes parents d’ouvrir ce film sur la grande télé du salon et je m’installe avec eux.

Le documentaire m’emporte. Pendant plus d’une heure, je plonge dans le vécu de mes parents, dans leur Algérie, mais aussi dans la vie des autres Pieds-Noirs. Depuis tout petit, j’avais écouté pendant les réunions de famille les histoires et les anecdotes de leur vie là-bas. Et ces réunions, c’était chaque samedi et chaque dimanche chez l’un ou chez l’autre, ayant eu dans notre malheur la chance exceptionnelle de s’être retrouvés entre oncles, tantes et grands-parents dans la même ville en France à partir de 1965. Le passé était présent à chaque retrouvaille. Je connaissais leur Algérie à travers leurs récits. Etant de très modestes gens, ils n’avaient que très peu visité d’autres endroits que la Sénia, Perrégaux, Oran, Mostaganem et Mers-el-Kébir. Etant enfant, j’avais ressenti combien ils ont aimé ce pays et combien le déchirement fut profond. Avec ma naïve curiosité d’enfant, j’ai souvent demandé à mon père: « Papa, et si on y allait pour que je voie là où vous avez habité ? ». Il me répondait soit par un « ce n’est plus pareil », soit par un silence.

Des dizaines d’années passèrent ensuite pour moi, m’efforçant de changer le cours des choses pour ma propre vie : ne pas subir, mais vivre au lieu de survivre. Pourtant il y avait toujours ce mal-être. Par exemple, et sans comprendre pourquoi, je ne me suis jamais senti chez moi ni en France, ni aux Pays-Bas ni ailleurs. Sauf en Andalousie, là d’où viennent presque tous mes ancêtres, comme je devais le découvrir plus tard. Je reste étonné par la force des racines et leur pérennité.

Le documentaire retrace ensuite comment ces gens ont vécu la guerre : les drames en crescendo jusqu’au départ. L’exode n’était même pas la fin des drames, mais le début de nouveaux, dans cette France qu’ils ont tant idéalisée. Ainsi, qu’il soit bien réel ou ressenti seulement, le rejet par « la mère Patrie » de ses enfants d’Algérie aura d’autant plus d’impact sur eux. Je me rends compte aussi que cette histoire est bien plus grande que celle de notre famille. Ce qui s’est passé pendant ces huit années – et après – est gigantesque et affecte de façon dramatique au moins trois peuples : les Algériens, les Français de métropole et les Pieds-Noirs. Je commence à prendre la mesure de ce que ma famille a vécu, traumatisme après traumatisme, là-bas et ici. 

Ce soir-là, d’un coup, à l’heure du coucher, une douleur me prend au ventre et à l’âme. J’étais en pleine tempête émotionnelle. Tout se mélangeait : le sentiment d’injustice, la colère, l’enthousiasme de retrouver les ambiances, l’incompréhension face à cette accumulation de drames… Je ressens un arrachement dans mes tripes. C’était comme si j’avais retrouvé ma vie et que je la perdais immédiatement. Une douleur intense, insupportable. Je ne savais pas encore que je venais de rejoindre la foule de nombreux autres enfants de Pieds-Noirs qui ont le sentiment d’avoir perdu leur pays, comme dit Paul Souleyre. Je venais de me réconcilier avec mes origines. Cela a déclenché pour moi la recherche de tout ce qui a formé notre famille.

Pendant plusieurs mois ensuite je me suis jeté sur tous les films, photos et vidéos que j’ai pu trouver sur cette époque-là et mes origines. J’appelle Papa tous les jours, j’appelle son ami d’enfance, je contacte d’autres membres de la famille, je commande les livres d’Hubert Ripoll, je m’abonne à L’Echo de l’Oranie. J’étais tellement absorbé qu’un soir au dîner, je me sens le devoir de m’excuser auprès de ma femme et mes enfants pour passer autant de temps dans cette histoire. Je leur explique tant bien que mal ce qui m’arrive. Chose surprenante, pendant mon explication, je leur parle des Pieds-Noirs comme étant « mon peuple ». Et j’en ressens de la fierté. Plus qu’une révélation, c’est une délivrance.

Ensuite les pièces du puzzle se mettent en place. Coup de chance : je suis à ce moment-là en pleine formation pour devenir coach praticien. Je peux partager avec mes superviseurs ce que je suis en train de vivre. Ils m’encouragent dans ce processus. J’en fais même le thème de mon mémoire que  j’ai appelé « le processus d’intégration culturelle personnelle ». J’y décris entre autres comment une personne est amenée à se déconnecter de ses racines culturelles, comment se déclenche une reconnexion à la culture d’origine, quelles en sont les étapes et les bénéfices. J’y décris aussi comment accompagner en tant que coach quelqu’un qui passe par ces étapes. J’en profite au passage pour « faire de la pub » : je montre la dignité de ce peuple qui est resté debout malgré tout, avec ses valeurs dont nous pouvons être fiers. Comme résultat, les évaluateurs me donnent une excellente note et m’encouragent à publier. J’y songe…

A travers tout cela, j’ai compris une chose qui est essentielle entre nos générations: la transmission de l’identité. Le mal-être dont souffrent beaucoup d’enfants de Pieds-Noirs prend sa source dans une confusion de l’identité. Sommes-nous des Pieds-Noirs ? Sommes-nous des « Patos » ? La position entre-deux de ma génération a été pour le moins néfaste. Je le constate constamment quand je coache des personnes : quand l’identité n’est pas claire ou pas solidement ancrée, des troubles s’ensuivent qui ne sont pas toujours visibles. Heureusement, beaucoup de Pieds-Noirs et leurs enfants se sont très bien intégrés dans la communauté française et ne présentent pas – du moins pas visiblement – de troubles particuliers qui pourraient être liés à un déracinement. Mais ce n’est pas le cas de nous tous. Selon les types de personnalité, les effets négatifs prennent diverses formes extérieures. Pour en citer deux parmi celles que j’ai moi-même rencontrées, il y a d’abord une agitation intérieure, un sentiment persistant de non-appartenance. Par exemple, certains enfants de Pieds-Noirs ont reproduit volontairement l’exil. Ils ont choisi comme moi à un moment donné de quitter la France et de s’installer dans un autre pays. Ce n’est en soi pas un problème, sauf quand le motif sous-jacent est un trouble qui va perdurer. De même on constate une distanciation, un désintérêt vis-à-vis de l’environnement immédiat qui se traduit par une vie sociale pauvre et peu d’enthousiasme pour un engagement local. C’est un effet contre-nature si l’on considère notre instinct grégaire. Il y a d’autres effets que je ne peux développer ici, et qui ont un impact sur les différents aspects notre être intérieur. 

Mais l’impact le plus dramatique est le rejet de soi. En tant qu’enfant, sans pouvoir l’exprimer, j’avais très bien compris que je devais cacher mes racines si je ne voulais pas être rejeté, et que je devais faire ma vie dans une société qui a rejeté les miens. « Ne pas se faire remarquer » comme nos parents nous l’ont souvent répété. Cela revient à me couper de mes racines. Ce faisant, je me rejette moi-même. Je répète sans le savoir le mal qui ronge les Pieds-Noirs : le rejet. Cela nous poursuit depuis les années 50 : rejet par le pouvoir de l’époque, rejet par les « indigènes » en Algérie, rejet par l’armée française, rejet par les français de métropoles, rejet de nos racines par la plupart des enfants de Pieds-Noirs. Alors si en plus vous nous dites que nous ne sommes pas Pieds-Noirs !… Nous sommes faits pour appartenir à un peuple et à une terre. Vivre dans le rejet n’est pas vivre. Tout cela ressort à un moment ou un autre, sous formes diverses, quelques fois dramatiques : dépression, surmenage, etc. « Pourquoi devrais-je m’investir dans une communauté ou sur une terre qui n’est pas la mienne ? » Je suis moi-même passé par une grosse crise personnelle. Quand je me suis aperçu de ce problème de rejet, J’ai dû faire un effort conscient pour m’en débarrasser.

Mais il y a de l’espoir et c’est le but de mon article. Surtout pour ma génération. Je suis la preuve que c’est possible. De la même façon qu’une déconnection entraîne une série de conséquences négatives, un retour à ses racines d’origine apporte à l’inverse un incroyable renouveau : gratitude envers les valeurs héritées et appropriation, (re)découverte de l’identité personnelle, renforcement des relations, clarté des objectifs, enthousiasme pour entreprendre… Rien que le sentiment d’appartenance libère une énergie énorme.

Nous avons besoin les uns des autres. Vous n’avez pas tout perdu : vous nous avez, nous, vos enfants.

Jean Michel GUIRADO

 

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